dimanche 18 octobre 2009

Samskeyti


D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été attiré par l'inconcevable. Pas par anticonformisme ni pour me démarquer. Petit, ma mère me surprenait à essayer en douce les robes de ma cousine. Je m'inventais des mondes, en redéfinissant à ma façon le terme créativité. Tous les soirs, je disparaissais jusqu'au bois qui bordait notre maison. Je m'y étais construit mon propre empire, peuplé par mille-et-une créatures insolites. J'ai grandi, le bois a été rasé, emportant dans son sillage mes rêves d'enfants.
J'ai rencontré le cinéma un peu par hasard, un soir d'hiver. Quand la pureté glaciale de la neige s'en mêle. La fureur de vivre que ça s'appelait. Le film phare de mon papa. Blotti contre son épaule, je me souviens avoir reçu un coup en plein coeur. Et j'en redemandais, avide de connaître le destin de Jim Starks. Le rebelle sans cause, je n'y croyais et je n'y crois toujours pas. J'avais retrouvé un monde sans limites, où l'imaginaire privilégie l'amour et la liberté.
Il y a trois jours, j'ai voyagé. Ni en voiture, en avion ou en train. Via l'âme. Je me rappelle de tout. Son apparition en sortant du pub, souriante et décontractée. Son étonnant et sincère franc-parler au milieu de cerveaux lessivés par la société. Son mal-être invisible qui vous donne envie de la serrer dans vos bras quand elle vous regarde avec ses yeux couleur espoir. Son manque d'espérance en l'amour, en l'être humain et en tout ce qu'il incarne aujourd'hui. J'ai cru mourir quand elle s'est blottie contre mon épaule, moi, l'éternel bon copain que les gens ont peur de connaître au delà des apparences. Je me suis retrouvé en 2008 au fort de Saint-Père. Noyé dans l'ailleurs grâce à Sigur Ros, cherchant en vain autour de moi une personne dans le même état que moi. J'ai donc fini par la trouver. Je suis redevenu un gosse qui redécouvre ce que bonheur veut dire. Et qui ne veut plus jamais s'arrêter.

"Ce que je porte en moi est ce que je suis réellement. C'est le principe de la pellicule. Une pellicule a besoin de noir pour exister." James Dean.

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