
Voilà que déjà s'installent février et sa vieille rengaine. Il n'a pas l'air de vouloir plaisanter. Cinq mois. Et le manque qui t'écrase le thorax. Ce n'est pas l'absence de l'être qui marque le plus son semblable mais l'étonnante lucidité dont ce dernier fait preuve en s'autodétruisant. Un enterrement dans les règles. Pas de mièvreries. Le silence et juste le silence. Je n'ai même plus envie d'être socialement considéré comme fréquentable. Le cinéma et la littérature sont les seuls amis dont je supporte encore la présence. Inadmissibles dires, certes. Terrifiante expérience au milieu d'une jungle de dinosaures culturels. Et ce nouveau chez-soi noyé dans l'incurable malaise.
Les justes mon cul oui.
Il m'arrive parfois de m'imaginer prophète d'une civilisation perdue, prônant la vérité de l'acte, du sentiment, des sensations. Mais il est là le problème : elle est perdue cette satanée civilisation. Et moi avec.
"Je me souviens. Si je n'oublie, car il existe aussi tout un charnier de mes anciennes cellules cérébrales, de mes cellules photographiques, de tout ce que j'ai pu éliminer, larguant ce qui m'encombre, même si les souvenirs douloureux ne font pas nécessairement partie des souvenirs encombrants. Mais toujours le souvenir entraîne l'inquiétude, la crainte de me perdre en perdant ce que je veux garder et même si je pouvais, spéléologue, m'avaler dans la caverne de ma propre gorge, descendre avec mon oeil et mon âme dans les chairs friselées, ondulées, crépues, nervurées de l'oesophage, jusqu'au plus noir, au plus profond de mes entrailles."
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