mardi 29 décembre 2009

On croit plonger lentement. On chute à la vitesse de la lumière.



Voilà que déjà s'installent février et sa vieille rengaine. Il n'a pas l'air de vouloir plaisanter. Cinq mois. Et le manque qui t'écrase le thorax. Ce n'est pas l'absence de l'être qui marque le plus son semblable mais l'étonnante lucidité dont ce dernier fait preuve en s'autodétruisant. Un enterrement dans les règles. Pas de mièvreries. Le silence et juste le silence. Je n'ai même plus envie d'être socialement considéré comme fréquentable. Le cinéma et la littérature sont les seuls amis dont je supporte encore la présence. Inadmissibles dires, certes. Terrifiante expérience au milieu d'une jungle de dinosaures culturels. Et ce nouveau chez-soi noyé dans l'incurable malaise.
Les justes mon cul oui.

Il m'arrive parfois de m'imaginer prophète d'une civilisation perdue, prônant la vérité de l'acte, du sentiment, des sensations. Mais il est là le problème : elle est perdue cette satanée civilisation. Et moi avec.



"Je me souviens. Si je n'oublie, car il existe aussi tout un charnier de mes anciennes cellules cérébrales, de mes cellules photographiques, de tout ce que j'ai pu éliminer, larguant ce qui m'encombre, même si les souvenirs douloureux ne font pas nécessairement partie des souvenirs encombrants. Mais toujours le souvenir entraîne l'inquiétude, la crainte de me perdre en perdant ce que je veux garder et même si je pouvais, spéléologue, m'avaler dans la caverne de ma propre gorge, descendre avec mon oeil et mon âme dans les chairs friselées, ondulées, crépues, nervurées de l'oesophage, jusqu'au plus noir, au plus profond de mes entrailles."

vendredi 27 novembre 2009

Shoot the runner.




It's gonna be all right, Nickie, go ahead. Shoot. Shoot, Nickie.

dimanche 22 novembre 2009

Needle in the hay


La nausée. Atroce moment où l'inconscient dicte vos actes. Et l'impuissance, barrage à l'existence. J'avance sur une route où les visages n'en sont pas, où les corps ne sont plus. Un cri insupportable, terrible mélange de remords et d'actes manqués. Je ne vois plus vos rires, la peur les a balayé. Le projecteur s'allume. Sur le mur défilent continuellement des souvenirs qui n'en sont pas. Qui n'en sont plus. Idéaliser, se construire un semblant de relation. Et se jeter, la folie accrochée au visage. Compter ses échecs, pleurer et puis tenter d'oublier. Se droguer d'images, de gestes et de mots sortis de l'imaginaire palpitant d'autrui. N'être finalement qu'un brouillon, où les rayures effacent nos projets d'éternels enfants. « Les gens aiment voir souffrir leurs héros » disait Bowie. Qu'à force de vouloir l'ailleurs, on devient une ombre terriblement néfaste. Parce que finalement, ce qui fait vraiment mal, c'est de lire sur le visage des autres la détresse et la haine qu'on leur inspire. Allons bon, laissons les se détruire. Et rions, puisque c'est la seule chose qu'il nous reste.


Musique :

L'album Love Comes Close de Cold Cave, résolument le meilleur truc qu'il soit arrivé à la New Wave depuis longtemps.
The XX et leur album éponyme, incroyablement sensuel.
Florence and The Machine avec Lungs, définitivement envoûtant.

Cinéma :

Nicolas Winding Refn et sa trilogie Pusher.
The Thing de John Carpenter, désormais classé pour moi bijou du cinéma d'horreur.
Imaginarium of Doctor Parnassus, parce que le temps n'a pas altéré le talent de Terry Gilliam.

dimanche 18 octobre 2009

Samskeyti


D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été attiré par l'inconcevable. Pas par anticonformisme ni pour me démarquer. Petit, ma mère me surprenait à essayer en douce les robes de ma cousine. Je m'inventais des mondes, en redéfinissant à ma façon le terme créativité. Tous les soirs, je disparaissais jusqu'au bois qui bordait notre maison. Je m'y étais construit mon propre empire, peuplé par mille-et-une créatures insolites. J'ai grandi, le bois a été rasé, emportant dans son sillage mes rêves d'enfants.
J'ai rencontré le cinéma un peu par hasard, un soir d'hiver. Quand la pureté glaciale de la neige s'en mêle. La fureur de vivre que ça s'appelait. Le film phare de mon papa. Blotti contre son épaule, je me souviens avoir reçu un coup en plein coeur. Et j'en redemandais, avide de connaître le destin de Jim Starks. Le rebelle sans cause, je n'y croyais et je n'y crois toujours pas. J'avais retrouvé un monde sans limites, où l'imaginaire privilégie l'amour et la liberté.
Il y a trois jours, j'ai voyagé. Ni en voiture, en avion ou en train. Via l'âme. Je me rappelle de tout. Son apparition en sortant du pub, souriante et décontractée. Son étonnant et sincère franc-parler au milieu de cerveaux lessivés par la société. Son mal-être invisible qui vous donne envie de la serrer dans vos bras quand elle vous regarde avec ses yeux couleur espoir. Son manque d'espérance en l'amour, en l'être humain et en tout ce qu'il incarne aujourd'hui. J'ai cru mourir quand elle s'est blottie contre mon épaule, moi, l'éternel bon copain que les gens ont peur de connaître au delà des apparences. Je me suis retrouvé en 2008 au fort de Saint-Père. Noyé dans l'ailleurs grâce à Sigur Ros, cherchant en vain autour de moi une personne dans le même état que moi. J'ai donc fini par la trouver. Je suis redevenu un gosse qui redécouvre ce que bonheur veut dire. Et qui ne veut plus jamais s'arrêter.

"Ce que je porte en moi est ce que je suis réellement. C'est le principe de la pellicule. Une pellicule a besoin de noir pour exister." James Dean.

mercredi 9 septembre 2009

See the danger. Always danger. Endless talking. Life rebuilding. Don't walk away.


Ca va bientôt faire un an. Je pensais faire le point plus tard. Un an, le temps n'a jamais été aussi mesquin. Cette sensation de ne pas avoir su faire le nécessaire, d'avoir pris beaucoup de retard. Je suis accroc à cette nana. Je lui dois tellement. Et je ne fais rien. Paralysé par la timidité des premiers mois. Je sais que ce n'est pas parfait, loin de là. Il y a la distance d'abord, cette éternelle barrière que je me promets de briser depuis déjà trop longtemps. C'est la plus dangereuse des armes pour mettre à terre deux âmes. On se bat comme on peut, à coup de semaines quand c'est possible, de quelques jours dans le cas contraire. Je suis à un stade où l'amour se transforme en poison. Qu'à trop vouloir la posséder, je m'autodétruit. Bien sûr que je suis heureux malgré tout, puisque j'ai ce que je désire le plus. Il y a la peur ensuite, cette garce qui vous broie les poumons, vous empêchant ainsi de prononcer ne serait-ce qu'un mot sensé. A en gerber d'effroi. Il y a la jalousie, qui se joue de tout et vous fait passer d'un bonheur épique à une tristesse maladive. Il y a tout ça, et nous au milieu. Opposés dans l'union. Mais inséparables.
Un an et des souvenirs qui s'entassent. Je parle peu du passé, mais je retiens tout. Question de vécu je crois. Il y a ces retrouvailles, une nuit noire de septembre, emportés par l'ivresse et la passion, cet étrange retour en bateau et ce premier au-revoir, sur le bout du quai. Il y a cette semaine à la montagne, inoubliable parce qu'impérissable. Il y a ces scènes d'amour pur, serrés à en crever dans une dimension chaotique. Ces baisers véritables qui suffisent pour vivre. Il y a ces dîners, rares moments en tête à tête où chaque heure semble durer une seconde. Il y a le sud et ces deux semaines de liberté. Tout ces moments avec elle où l'humain atteint un stade euphorique, proche des dieux.

Mais à cet instant précis, l'Amour a été vaincu. L'espoir baigne dans le sang. Et au bord d'une fenêtre, un homme pleure son départ. Le regard est vide, le coeur noué. Love will tear us apart. Cette phrase n'a jamais eu autant de sens qu'aujourd'hui.

A Hélène, mon premier amour.

"L'horloge sonne six heures, tout le monde mange et puis va dormir. Un sommeil profond et inconsolable. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Arpentant le sol, je fixe la nuit. Qu'est ce qu'il me reste ?"

samedi 5 septembre 2009

Let the right one in


Je n'écris plus beaucoup. C'est un fait que je dois admettre, moi et le semblant d'humilité qu'il me reste. Ma petite amie y retrouve goût. Sans fautes, sans ratures. Des mots posés à la perfection qui traversent l'âme à la vitesse du son quand les miens se débattent continuellement, attendant qu'on les assemble pour que la magie s'opère.
La nuit dernière, en voulant regagner mon chez-moi, je suis passé par une route que je connais par coeur. J'ai revu nos deux tronches de gamins pommés suspendus dans l'air, insouciants de l'avenir, de la vie elle-même. Je me suis allongé dans les herbes hautes, ce champ qu'on prenait pour notre royaume. L'ivresse m'a consumé. Je me suis surpris à rire mécaniquement. Je nous revoyais nous disputer pour savoir qui serait l'indien persécuté par le courageux cowboy. On était comme deux astres mon frère, et la lune s'éclipsait de peur en entendant nos cris déchirants. Je nous ai regardé partir dans le bois et je crois bien nous avoir suivi furtivement. Animé par la même peur qui tabassait nos coeurs à l'époque. De quoi avais-je l'air, titubant ici et là, à vouloir rattraper mon enfance ? Jack Kerouac m'aurait murmuré que j'étais des siens maintenant. Comme lui, Dean et tout les autres. Un clochard céleste.

Devant un ordinateur, il est aisé de se réinventer. Mais crois moi mon pote, les larmes de l'homme que je suis aujourd'hui ont toujours le goût de la mélancolie. Cette nuit, j'ai retrouvé nos rêves d'enfants. Je suis maintenant affamé de liberté.

Losing my religion chantait R.E.M

samedi 2 mai 2009

This desert life


J'ai parfois une impression d'invincibilité. Quand je marche seul dans les rues désertes d'une ville qui s'éveille à peine. Quand j'échange un sourire avec un homme âgé qui promène son chien l'air épanoui. Quand j'entends l'hymne à la liberté joué par les moineaux chaque matin. Quand je tiens sa main et qu'elle me murmure mille mots doux. C'est autre chose de se promener quand vous êtes vulnérable. Chaque geste, chaque parole qui vous enveloppe se transforme en peur.
Je me suis rendu compte que les gens n'ont vraiment pas grand chose à foutre des problèmes d'autrui. Après tout, le semblant est la force de l'homme. Mais il m'arrive encore de me demander si tout ça en vaut la peine. Parce que plus rien ne sort. Ni émotions, ni douleurs. Un désert où j'étouffe de ne plus savoir vivre.

Pendant ce temps :
Italique
- Les politiques s'alarment d'une minable grippe porcine qui a fait cent victimes alors que des millions de personnes meurent chaque année de paludisme et tout le monde s'en branle.

- Bob Dylan sort un nouvel album, et une fois n'est pas coutume, la magie opère. Merci Monsieur.

- François Bayrou assure qu'il sera au deuxième tour en 2012. Que quelqu'un lui explique d'abord comment ça marche quand même, on sait jamais.

- Le festival de Cannes approche et ça s'annonce putain de bon.

- Le catalogue d'Ikea est le livre le plus publié au monde, devant la Bible. Ils sont forts ces suédois.

- Grizzly Bear jouera à la Route du Rock, en août prochain. Fuckin' hallelujah !